L’impact investing, en français Investissement d’Impact, est une notion relativement récente (la définition a été donnée par la Fondation Rockefeller en 2007). Elle désigne les investissements dont le but est d’apporter des bénéfices sociaux et environnementaux et pas seulement financiers. Elle conteste l’idée que les grands enjeux sociaux et environnementaux relèveraient des interventions publiques et des dons des organisations philanthropiques, alors que investisseurs s’intéresseraient exclusivement au rendement financier de leurs placements. Cela revient à prendre acte d’une réalité qui s’énonce clairement, même si elle semble avoir été un peu oubliée : le profit n’est pas la finalité première de l’entreprise, il est un outil. Il est possible et souhaitable que les investissements génèrent des profits financiers tout en contribuant à résoudre les problèmes sociaux et environnementaux contemporains.

L’investissement d’impact participe du même mouvement que celui qui a fait émerger ces dernières décennies la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), et l’Investissement Socialement Responsable (ISR) avec ses critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG).

Il en est une application logique aux stratégies d’investissement : ne plus se contenter d’analyser les entreprises, comme cela se fait classiquement, selon leurs perspectives de risques et de profits, mais ajouter une troisième dimension, celle de leurs impacts.

Soutenu par l’investissement socialement responsable, l’investissement d’impact l’est aussi par la philanthropie. Les fonds philanthropiques, nombreux dans les pays anglo-saxons, ont été les premiers à pousser cette évolution. Ils complètent petit à petit leurs dons par des investissements d’impact, mettant ainsi leur politique de placement en cohérence avec leur finalité.

Les pouvoirs publics enfin, soutiennent aussi cette forme d’investissement qui peut combler des besoins que les fonds publics ne peuvent plus satisfaire. Les interventions publiques ne suffisent plus à assurer le financement des organisations et des entreprises sociales et solidaires qui peuvent trouver dans le capital investissement des acteurs privés les moyens de leur développement.

Ce qui caractérise avant tout l’Investissement d’Impact, c’est l’intention des investisseurs (ils doivent allouer leur capital dans l’intention de soutenir un impact sociétal déterminé) et celle des bénéficiaires (ils doivent concevoir leur modèle économique pour créer de la valeur financière mais aussi sociétale). Il est enfin indispensable que les impacts soient mesurés et que les investisseurs puissent vérifier que la promesse initiale est bien tenue.

Nous ne sommes qu’au début de ce grand mouvement. L’investissement d’impact ne réunit encore qu’un petit nombre d’acteurs. On évalue en France à 300 Millions d’Euros les fonds investis en Impact ce qui représente bien peu à côté par exemple des 30 milliards de FCPI. Il répond pourtant à une attente grandissante dans le public. Certaines études montrent que 2 personnes sur 3 manifestent de l’intérêt pour des investissements responsables. Les jeunes générations affirment une très forte sensibilité à ce sujet. Ils considèrent que le retour financier soit associé à un impact social et environnemental.

Une étude publiée en 2017 (Factset et Scorpio) montre que moins de 30% des investisseurs de plus de 55 ans souhaitent que leur portefeuille intègre systématiquement des considérations environnementales et sociales, contre 61% des moins de 35 ans. Ces derniers sont 90% à vouloir augmenter la part de l’ISR dans leurs placements d’ici dix ans.

Les premiers thèmes traités par l’investissement d’impact sont les défis environnementaux, sociaux et économiques. Il s’intéresse au changement climatique, la pauvreté, la faim dans le monde, l’accès au logement, la santé. En regardant au-delà de ces problématiques d’urgence, il adresse le changement social de façon générale, particulièrement l’entrepreneuriat social et ses innovations. Le développement des territoires a certainement vocation à en devenir un thème majeur, quoiqu’encore assez peu adressé, car il recèle d’énormes possibilités.

Au regard de l’accroissement des inégalités, des effets du changement climatique, de l’inégalité entre les territoires, ce mouvement est certainement appelé à prendre de plus en plus d’importance.

Jean PHILIPPE, le 11 juillet 2017