Chaque fois qu’une organisation, publique ou privée, annonce une mesure à caractère environnemental ou social, il y a débat. Certains saluent une avancée, d’autres reprochent le manque d’ambition, voire dénoncent un acte de pure communication opportuniste. D’autres enfin, les plus nombreux, restent perplexes. La question « Est-ce bien sincère ? » est laissée à l’appréciation de chacun, une appréciation souvent tranchée en fonction des sensibilités.

Il en va ainsi depuis longtemps du regard porté sur l’Investissement Responsable, et notamment sur l’Investissement Socialement Responsable. Les tenants de l’exclusion pure et simple des sociétés évoluant dans des secteurs néfastes à l’environnement s’affrontent depuis des années avec ceux qui défendent le « Best in Class », c’est à dire la surpondération dans les portefeuilles des « premiers de la classe » dans les différents domaines d’activité. Sans surprise, avec l’émergence plus récente de « l’Impact Investing » ou Investissement d’Impact, les divergences de vues se font entendre. Alors, qui a raison ?

Bien sûr, on pense d’abord à fixer des règles, à acter des principes, voire à contrôler, afin que la mention d’Impact ne soit ni galvaudée, ni utilisée indûment. Ça, on sait faire, et les théoriciens ne manquent pas pour nourrir ces réflexions. Encore faudrait-il que tout le monde soit d’accord sur le sens des mots et sur celui de l’action. Or, qui peut dire aujourd’hui avec certitude ce qui sera bon pour la planète demain ? Existe-t-il une vérité incontestable ? Non, bien sûr ! Voyez comment le débat sur le nucléaire ou le véhicule électrique continue d’alimenter et d’animer les repas de famille.

Sans nier l’intérêt d’une approche théorique du sujet, à commencer par une définition claire et précise des mots, je défends la primauté d’une approche très pragmatique de nature à respecter les différentes sensibilités et à ne pas brider a priori les initiatives innovantes. En effet, des idées considérées par une majorité de gens comme trop originales ou inadaptées portent peut-être des solutions qui s’avèreront essentielles demain.

L’INTENTION 

C’est la première et la principale condition pour qu’un investissement puisse avoir de l’impact. Il faut que la société cible de l’investissement, celle qui le réalise, affirme clairement son intention d’agir pour l’environnement et la société, et en donne des preuves. Une action éminemment responsable conduite de façon isolée, alors que tout le reste de l’entreprise reproduit un modèle irrespectueux de la nature et des hommes, sans remise en cause, ne suffit pas. L’intention se lit dans les écrits, les discours, mais aussi et surtout dans les preuves, des preuves qui doivent être constatées dans toute l’organisation. Cette intention nécessaire doit aussi être celle de la société de gestion, celle qui sélectionne les investissements et les réunit dans les fonds qu’elle propose aux investisseurs. Là-aussi, par les discours et par les preuves, la volonté d’agir vraiment doit être lisible.

LA RÉALITÉ DE L’IMPACT

Parce qu’on ne peut pas se contenter d’affirmations gratuites, l’Impact doit être décrit, et surtout mesuré. On ne peut pas parler d’impact s’il n’y a pas des objectifs prédéfinis à atteindre et un suivi de leurs atteintes. Cette discipline exigeante, pour la cible d’investissement et pour la société de gestion, est incontournable. Celui qui revendique l’impact doit savoir que les objectifs qu’il affiche devront être mesurés, et qu’il aura à en rendre compte.

L’INTENSITÉ DE L’IMPACT

Cette question est aussi essentielle. Prenons un exemple. Une entreprise propose des véhicules à zéro émission carbone qu’elle vend à 150 personnes par an. C’est incontestablement vertueux, et on l’applaudit. Pourtant, son impact sera beaucoup moins important pour l’environnement que celui d’une réduction de 10% de la consommation des véhicules vendus par un grand groupe à des milliers de personnes. Un petit progrès touchant tout le monde a beaucoup plus d’impact qu’un gros progrès touchant peu de monde.

L’ACCÉLÉRATION DES TRANSITIONS

On peut penser très légitimement que telle ou telle entreprise n’a pas un impact terriblement positif sur la société ou l’environnement. Faut-il pour autant l’exclure a priori d’un fonds à impact ? Pas forcément, si elle est dans une démarche de transformation, et se met concrètement en mouvement pour améliorer ses méthodes, ses produits, ses relations avec les parties prenantes. C’est bien la contribution voulue et mesurée aux transitions qui caractérise alors l’impact. Il serait non seulement regrettable, mais aussi dommageable pour tout le monde, de ne sélectionner dans les fonds à Impact que les entreprises qui sont déjà « au top ». Ce serait peut-être irréprochable sur le papier, mais improductif pour la collectivité.

LA SINCÉRITÉ DE LA GESTION

Quand bien même toutes ces conditions sont réunies, il en reste une : la société de gestion, celle qui sélectionne les entreprises et gère les fonds pour le compte des investisseurs, ne doit pas se contenter de faire de l’Impact un critère de choix, il doit avoir une exigence permanente pour elle-même. Pour cette raison, elle ne peut pas fonctionner avec les mêmes méthodes, les mêmes principes, le même état d’esprit que les autres. Elle doit être partie prenante, pleine et entière, des transitions qu’elle déclare soutenir.

Jean PHILIPPE, le 6 mars 2020

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